dimanche 27 avril 2014

Perte de biodiversité : alerte à la disparition des algues brunes des estrans rocheux

    Dès que les beaux jours reviennent,  un sujet concernant le littoral revient régulièrement dans les médias : les algues vertes en Bretagne.
    Celles-ci, comestibles quand elles sont en bon état ("laitues de mer"), pullulent dans l'eau des baies et sont transportées par les courants sur les plages, où elles s'échouent et meurent. Les baigneurs se plaignent de ne plus pouvoir marcher sur le sable ni nager dans une eau qui ressemble à une soupe de légumes. La putréfaction des algues mortes dégage des gaz malodorants, et même toxiques comme l'ont montré divers évènements, dans les Côtes d'Armor notamment.leur ramassage et leur destruction nécessite des moyens importants, et leur valorisation ne semble pas encore au point.
    L'excès de sels minéraux nutritifs dans l'eau (nitrates, phosphates) est responsable de la prolifération de ces algues, d'ordinaire inoffensives. Les activités humaines sont accusées, notamment l'agriculture intensive et l'élevage porcin. Les eaux issues des stations d'épuration, moins mises en cause, sont peut-être aussi responsables, car les baies atteintes sont souvent proches d'agglomérations importantes, comme Saint-Brieuc, Lorient, Concarneau ou Douarnenez.
    Le problème est très sérieux, mais beaucoup d'études ont été faites sur le sujet.

   Par contre, personne, ou presque, ne se préoccupe de la disparition, pourtant inquiétante, des algues brunes de l'estran (zone comprise entre la haute mer et la basse mer). Ces algues, en effet, conservent pendant la marée basse l'humidité nécessaire à la survie de nombreuses espèces animales ; elles leur assurent protection contre les prédateurs et leur nourriture. Sans algues, tout le petit monde de l'estran subit le gel en hiver, l'ensoleillement trop fort en été ; l'eau devient trop douce dans les mares quand il pleut, trop salée quand il fait chaud. Nombreux sont les organismes qui ne supportent pas ces variations et meurent. Les algues modèrent ces variations ; même si elles souffrent elles résistent, étant adaptées au climat du lieu.
    Il y a plusieurs années, nous avons réalisé une étude sur le sujet et l'avons fait paraître dans la revue Penn ar Bed (n° 192, mai 2005), éditée par l'association Bretagne Vivante. Notre article accompagnait celui de monsieur Auguste Le Roux, enseignant-chercheur de l'université de Rennes et directeur de la station biologique de Bailleron, aujourd'hui en retraite. Vous trouverez ce document, dans un premier temps, tel qu'il est paru, en cliquant ici, ou à la suite du présent article
Voir aussi :
  
   Nous espérions attirer l'attention des scientifiques (universités, IFREMER, etc) sur le problème et susciter des recherches pour connaître la cause du problème. Si elles ont été entreprises, nous avons eu peu d'information et personne ne communique sur le sujet par internet ou presque. Parmi ceux que nous avons trouvé sur le WEB :
 - notre article paru dans "pêche-plaisance" (n° 25 de mars 2010),
 - le site d'Auguste Le Roux "famine chez les berniques"
 - l'article  d'Auguste Le Roux sur Tela Botanica,
 - un article de Philippe Argouach  sur Bretagne Presse.
 - un article d'Ouest-France par Sylvain Chauvaud (qui a collaboré avec A. Le Roux)
 - Un article du Monde, par Gabriel Simon (2006) mentionnant aussi Le Roux et Chauvaud. 
 - Un petit article de l'IFREMER (2006), commentant celui du Monde
  Vous remarquerez que dans pratiquement tous les cas, Auguste Le Roux est à l'origine de ces recherches.
  On peut aussi trouver une étude scientifique faite par le Réseau Benthique (ReBent) de l'IFREMER, en association avec le CEVA (centre de Valorisation des algues de Larmor-Pleubian), basée sur la comparaison de photos aériennes prises à différentes dates, sous le nom de "cartographie de la couverture de fucales en zone intertidale
   Les Britanniques (Ile de Wight et Solent, Ile de Man Cornouailles, Pays de Galles.. et les Irlandais s'intéressent au sujet depuis plus longtemps (début des années 1950) . Ils ont mis en valeur l'influence des patelles (limpets, en anglais) sur l'évolution de la quantité d'algues brunes sur l'estran. Si vous êtes scientifique et lisez l'anglais ans le texte, vous pouvez trouver sur internet une recherche très complète, publiée dans Marine Ecology : "Direct and indirect effect of a macroalgal canopy and limpets grazing in structuring a sheltered inter-tidal community". Ou encore celle-ci : Seaweeds ecology and physiology (voir surtout chapitre 3) Attention aux traductions automatiques en français qui sont souvent incompréhensibles voire bourrées de contresens.... 

   Une association de plaisanciers d'Étel, l'APPRÉ, pense comme nous que les algues sont détruites par les berniques (encore appelées patelles, ou chapeaux chinois) et ont mené une expérience probante dans leur port : ils ont éliminé les berniques d'un mur de quai, et les algues ont recolonisé le milieu, accompagnées du retour de nombreuses espèces animales..  L'ennui, c'est qu'un autre plaisancier, prétendant qu'il n'y avait plus de berniques sur le littoral près de chez lui, en a importé à cet endroit. Chose à ne pas faire tant qu'un équilibre ne sera pas rétabli entre les goémons et les gastéropodes.
   L'Association des pêcheurs plaisanciers du Finistère, grâce à l'action de Monsieur Philippe Spetz, a convaincu la Fédération (FNPPSF) qu'une expérimentation (sous contrôle de l'IFREMER) peut se faire en différents endroits de notre littoral. Un article devrait paraître prochainement dans Pêche-Plaisance, la revue de la Fédération.

    Notre hypothèse semble hérisser certains écologistes et scientifiques, selon lesquels une espèce autochtone ne peut pas être responsable de pareils dégâts. Nous sommes pourtant convaincus qu'il faut chercher dans cette direction.

     On trouvera donc dans ce blog des observations prouvant la gravité du phénomène, avec photos à l'appui et des résultats d'expériences sur le terrain. Nous serions heureux d'avoir l'avis de lecteurs sur le sujet.
     Pour nous contacter envoyer un message à  : francoismadic@gmail.com
    

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